
Pourquoi vos contributions comptent pour la recherche ?
La plateforme Fourmis & Cie a été conçue pour aider les adultes - parents, familles, professionnel·les de la petite enfance, ... - à proposer davantage d’activités nature aux enfants de 0 à 3 ans.
Mais son ambition va plus loin : en partageant vos idées et vos expériences, vous contribuez à une recherche scientifique collaborative, qui s’appuie sur les pratiques partagées pour comprendre et encourager le lien entre les tout-petit·es et la nature.
Une démarche de recherche scientifique collaborative
La plateforme Fourmis & Cie s’inscrit dans une démarche de recherche-action, c’est-à-dire une recherche menée en lien direct avec vos pratiques du terrain. L’objectif est double :
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Côté ‘action’ : encourager les adultes, par le partage de contenus pédagogiques, à proposer plus d’activités nature aux jeunes enfants;
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Côté ‘recherche’ : analyser comment ces pratiques émergent, circulent, évoluent, et comment mieux les soutenir dans différents contextes.
Les axes de recherche explorés
Le programme scientifique associé à Fourmis & Cie, financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), est coordonné par Anne-Caroline Prévot (directrice de recherche au CNRS), et mené en partenariat avec deux laboratoires :
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Le Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation (CESCO - Muséum national d’Histoire naturelle / CNRS / Sorbonne Université),
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Le Centre de Recherche sur les Liens Sociaux (CERLIS - Université Paris Cité).
Ce programme s’appuie sur les contributions déposées sur la plateforme (fiches activités, retours d’expériences, commentaires, etc) pour explorer plusieurs questions de recherche, au croisement de l’écologie scientifique, de la sociologie, de la psychologie et des sciences de l’information et de la communication :
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Comment les jeunes enfants (0–3 ans) expérimentent-ils la nature au quotidien, dans une diversité de contextes sociaux et écologiques, et comment ces expériences — souvent médiées par un adulte — influencent-elles les représentations, les pratiques et les relations entre jeunes enfants, adultes et éléments de nature ?
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Comment une plateforme numérique participative peut-elle favoriser la reconnaissance, la circulation et l’appropriation de ces expériences de nature par les adultes référents, et contribuer à un changement de pratiques, en faveur d’un meilleur accès à la nature dès la petite enfance ?
Ces questions font l’objet d’une recherche doctorale menée au CESCO, sous la direction d’Anne-Caroline Prévot et de Nelly Parès, ainsi que d’un travail interdisciplinaire mené conjointement par le CESCO et le CERLIS.
Un ancrage dans les travaux scientifiques récents
Ce programme s’appuie sur des travaux de référence en sciences sociales et écologie scientifique.
Le biologiste Robert Pyle a introduit la notion “d’extinction de l’expérience” de nature, pour désigner la perte progressive, génération après génération, dans les sociétés occidentales modernes, de contacts fréquents, directs et significatifs avec le vivant. (Pyle, 1993).
Aujourd’hui, en France, cette extinction affecte particulièrement la petite enfance : un âge où les opportunités de découverte libre en extérieur se raréfient, alors même qu’elles sont essentielles au développement global de l’enfant, ainsi qu’à son bien-être physique et émotionnel (Giampino, 2016).
Mais que recouvre exactement « une expérience de nature » ?
Selon la définition proposée par l’équipe de recherche du CESCO et Susan Clayton, psychologue de la conservation les “expériences de nature” ne se limitent pas à une exposition au monde naturel. Elles mobilisent des processus cognitifs, sensoriels, émotionnels et sociaux – et varient selon les espaces de nature, les individus qui les vivent et les contextes sociaux (Clayton et al., 2017).
Vivre ces interactions dès l’enfance joue un rôle clé, d’autant plus fort que l’enfant est accompagné pas un ou des adultes qui comptent. Des expériences précoces et joyeuses nourrissent par exemple un attachement positif à la nature et peuvent favoriser un « constructive hope » — un espoir actif, enraciné dans des souvenirs de liens au vivant, qui incite à agir plus tard pour la protection de la biodiversité (Chawla, 2020).
Une analyse collective, sans évaluation normative
Les contributions partagées sur la plateforme sont analysées de manière globale, anonyme et non évaluative. Il ne s’agit pas d’identifier de “bonnes” ou de “mauvaises” pratiques, mais de comprendre la diversité des façons d’entrer en relation avec la nature.
Une recherche au service de l’action
Les résultats issus de ces recherches alimenteront les actions de plaidoyer de l’association Label Vie, pour renforcer la place de la nature dans les politiques d’accueil et les pratiques éducatives dès la petite enfance.
Pour toute question liée à la recherche en cours, contactez Louise Bouché (doctorante au CESCO) : louise.bouche@mnhn.fr
Chawla, L. (2020). Childhood nature connection and constructive hope: A review of research on connecting with nature and coping with environmental loss. People and Nature, 2(3), 619–642. (https://besjournals.pericles-prod.literatumonline.com/doi/10.1002/pan3.10128)
Clayton, S., Colléony, A., Conversy, P., Maclouf, E., Martin, L., Torres, A.-C., Truong, M.-X., & Prévot, A.-C. (2017). Transformation of experience: Toward a new relationship with nature. Conservation Letters, 10, 645–651 (DOI: 10.1111/conl.12337[ACP1] ).
Giampino, S. (2016). Développement du jeune enfant, modes d’accueil, et formation des professionnels : Pour un accueil de qualité des jeunes enfants et de leurs parents. Rapport remis au Ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, France.
Pyle, R. M. (1993). The extinction of experience. In The thunder tree: Lessons from an urban wildland (pp. 130–141). Oregon State University Press. traduit par M. Lefèvre dans Ecologie et Politique 2016/2, n°53, pp. 185-196 (https://shs.cairn.info/revue-ecologie-et-politique-2016-2-page-185?lang=fr)